Comment une équipe de managers peut-elle encore faire collectif quand la hiérarchie n’est plus là au quotidien ?
Comment continuer à tenir la barre, à communiquer efficacement, à réguler ensemble, sans direction présente, ni ligne claire, ni validation systématique ?
Depuis près d’un an, j’accompagne une équipe d’encadrants dans un contexte de transition managériale. Le directeur n’est plus en poste, et un Directeur Opérationnel assure une présence ponctuelle. En somme, le collectif doit fonctionner sans pilote apparent, avec les incertitudes et les tensions que cela génère.
Pour notre dernière séance, le groupe a choisi de travailler sur une question à la fois simple et redoutable :
👉 “Comment mieux communiquer avec nos équipes ?”
Ce que je vous partage ici, ce n’est pas une méthode ou un outil, c’est un cheminement collectif rendu possible par un cadre de facilitation engagé.
🎯L’intention : faire vivre un espace d’intelligence collective
Je ne suis pas venue avec une solution.
Je ne suis pas intervenue pour animer une réunion ou stimuler le groupe.
Ma posture s’est construite et affinée au fil des formations que j’ai suivies : Facilis avec l’Université du Nous, Facilitation en intelligence collective avec Didascalis, et plus récemment le Coaching Régénératif proposé par Néovance. Toutes nourrissent une même intention : accompagner les dynamiques vivantes avec justesse, présence et soin. C’est cette posture de facilitation que je mets au service des collectifs que j’accompagne.
Faciliter, c’est maintenir un espace ouvert et sécurisé, permettre au groupe de vivre ce qu’il a à vivre, traverser ses étapes, ses doutes, ses silences, et l’aider à se (re)trouver dans ce mouvement.
C’est faire confiance au fait que le groupe est intelligent, qu’il contient ses propres ressources pour réguler, s’ajuster, apprendre : issue de la formation Facilis
🎭 Mettre en mouvement… pour mieux se dire
Avant d’entrer dans la séquence de théâtre forum, j’ai proposé un exercice de coopération corporelle : le jeu de la chaise non musicale.
Sans consigne explicite, ce jeu invite les participants à s’organiser collectivement pour résoudre un défi simple, mais déstabilisant.
➡️ Ce moment a révélé des tensions familières :
- incertitude face au flou,
- maladresse dans les consignes,
- difficulté à ajuster ses comportements au groupe,
- mais aussi créativité, adaptabilité, et droit à l’erreur.
Un excellent déclencheur pour glisser vers la suite.
🧩 Le théâtre forum comme levier
J’ai ensuite proposé au groupe de choisir des situations vécues où la communication avait dysfonctionné ou bloqué. Deux cas ont été identifiés, mais nous avons eu le temps d’en travailler un en profondeur.
🎬 La scène :
Un manager débordé, une réserve encombrée, des palettes non déchargées, une consigne ignorée, et une réaction à chaud devant un cadre.
Une scène ordinaire dans la vie d’un encadrant, mais révélatrice d’enjeux plus larges : manque d’alignement, stress logistique, solitude managériale, difficulté à poser un cadre sans être dans l’explosion.
Le groupe a mis en jeu cette scène, d’abord telle qu’elle s’était déroulée, puis en rejouant avec d’autres options.
Les propositions ont émergé petit à petit :
- reformuler la consigne avec clarté,
- poser un cadre en amont,
- aller vers l’échange plutôt que l’escalade,
- oser dire sa tension avant qu’elle n’éclate.
🧠 Ce que la facilitation a permis
- Un déplacement du regard : passer du blâme à l’analyse collective,
- Une régulation par les pairs, dans un espace sécurisé,
- Un accès à la vulnérabilité partagée : oser dire “je me suis planté” sans être jugé,
- Et surtout : l’émergence d’une envie de mieux faire groupe.
Ce n’est pas l’outil qui a fait cela. Ce n’est pas le théâtre forum en soi, ni le jeu de la chaise.
Ce qui a rendu ce moment puissant, c’est la manière dont le collectif a été mis en confiance, écouté, et autorisé à explorer.
🔁 Et si on parlait aussi des limites ?
Parce qu’une séance de facilitation, ce n’est pas magique.
- Une participante n’est pas revenue après la pause.
- Certains sont restés en retrait.
- Nous n’avons pas formalisé d’engagements concrets.
Mais des repères ont émergé, des paroles ont circulé, et le groupe a exprimé son envie de poursuivre.
Et c’est peut-être cela, la meilleure trace d’un accompagnement réussi : un besoin exprimé de remettre ça.
👁️ En tant que facilitatrice…
Je veille à ne pas prendre trop de place, à respecter le rythme du groupe, à faciliter la vie du collectif.
Je crois que le groupe a sa propre intelligence, et qu’il suffit parfois de créer les bonnes conditions pour qu’elle émerge.
Mon rôle n’est pas de “tenir le groupe” ou de “lui donner de l’énergie”.
Mon rôle est d’ouvrir un espace où il peut se transformer par lui-même.
📌 Pour conclure
Ce que je retiens de cette matinée :
- Il n’y a pas de bon outil sans bonne posture.
- Il n’y a pas de dynamique collective sans espace sécurisé.
- Et il n’y a pas de changement durable sans expérimentation réelle.
Alors si vous vous demandez comment faire évoluer la communication dans vos équipes, commencez peut-être par cette question :
Est-ce que nous avons, collectivement, un espace pour parler vrai ?




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